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MOSAÏQUE
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ronnée des inénarrables fleurs d’oranger, se pend au bras de son époux qui ne comprend rien, mais va, va toujours, l’épée dans les reins, commandé par une fatale destinée.

Soudain, on entend un bruit sourd, tonitruant, mêlé à des craquements sinistres et à des cris d’horrible épouvante. Les colonnes du temple, comme mises en branle par les bras noueux de quelque Samson moderne, pirouettent sur leurs bases.

L’édifice s’écroule.

La malheureuse mariée a déjà reçu sur la nuque la clef de voûte qui l’envoie promener « ad patres et matres. Gaston va être frappé à l’occiput par une énorme brique qui en descendant sur lui prend des proportions gigantesques, lorsqu’il pousse un grand cri et… se réveille.

Où suis-je ? se demande-t-il en se levant en sursaut. Cette fois, j’aurais parié ma tête que j’étais tombé dans le pétrin jusqu’aux oreilles et que tout était consommé. Mais, je t’en fichtre ! tout est à recommencer et me voilà de nouveau fort comme la mort. Je suis, comme ça, marié pas marié. L’expérience, tout de même est si peu agréable, que je n’ai pas la moindre envie du monde de la recommencer.

Pour me remettre, un verre de cognac ne sera pas si mauvais, après tout. C’est comme si je venais de lutter contre trois diables. Je me sens tout brisé.

À votre santé, madame mon épouse ! Vraiment je suis trop heureux !