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MOSAÏQUE
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Insensiblement, les légères vapeurs bleues et diaphanes s’anéantirent dans la somnolente torpeur de la chambre, et la cigarette à demi consumée, s’échappant des doigts du jeune homme, tomba dans le crachoir.

Gaston dormait.

 

L’orgue de la séculaire basilique laissait s’envoler de ses jeux les notes puissantes d’une marche triomphale. Mais malgré leur allegretto, ces notes pleuraient.

Gaston, l’invulnérable célibataire, Gaston, le cynique et stoïque vieux garçon, était agenouillé au pied des autels. À ses côtés était également à genoux une vierge aux formes vaporeuses, beauté chaste et farouche dont l’œil plein de mystères, est une lame d’acier qui taillade dans le vif et fait des blessures sans remède.

C’est fait. Tous les trémolos de l’émotion l’ont traversé de part en part comme poussés par une dynamo chargée de vingt-quatre mille volts. Il a passé à l’annulaire de l’épouse adorée, l’anneau d’urgence, qui miroite à ses yeux comme un serpent se mordant rageusement l’extrémité de la queue, symbole d’immortalité.

De part et d’autre, le oui fatal a été prononcé.

Bref, Gaston, le pauvre Gaston est marié. Son mouchoir est déjà tout moite de la sueur froide qui perle à son front. Radieuse et fière, la mariée, cou-