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POUR RÉGINE

Baignée dans un flot de lumière, une maison gaillarde, proprette se dessine au premier plan, à quelques pas du temple saint.

Jetons un œil indiscret à travers les carreaux étroits aux rideaux en mousseline bien blanche, retenus en triangle par deux boucles de rubans rose quelque peu fanés.

Le poêle, vieux d’un demi-siècle, ronronne comme un angora qui réchaufferait avec délices ses flancs au soleil du midi, en faisant la sieste sous la tonnelière. Empressée, allant, venant du poêle à la table et de la table au poêle, la mère Marceline coupe, taille, hache, casse, fricasse. Un fumet chatouillant s’échappe de tendres tranches de jambon fumé qui rôtissent en chantonnant dans le fourneau et qui ressemblent à de pittoresques flots à demi noyés dans des lacs aux œufs d’or.

Debout, près de la fenêtre, M. Lefort a suspendu son petit miroir.

— Dis donc, vieille, demande l’époux de la mère Marceline, as-tu de l’eau chaude, je veux me faire la barbe ?

— Eh oui ! mon vieux, et rase-toi, comme il faut, car tu sais que c’est aujourd’hui le jour de Pâques et que chaque année, Monsieur le Curé vient ce jour-là, prendre le dîner avec nous.

Tout à coup, par la minuscule porte circulaire du poêle, une grosse flammèche s’élança avec un bruit sec sur la catalogne recouvrant le plancher.