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POUR RÉGINE

trarier, le finissant entra à l’Université Laval de Montréal.

Mais le pauvre garçon avait trop compté sur ses forces. Il ne fut pas long avant de s’apercevoir que la médecine et lui s’accordaient à peu près comme chien et chat.

Les parents, là-bas, économisaient. Afin de défrayer les frais de pension et de cléricature, il fallait retrancher. On n’était pas riche. Le père fuma moins, la mère diminua la dose de tabac à priser. On se gêna un peu, en disant : « Il faut bien faire des sacrifices, puisque c’est pour Pierre ».

Mais l’étude de la physiologie et de la charpente humaine se mariaient mal avec la fièvre artistique qui, de plus en plus, prenait possession de tout l’être du jeune homme.

Les dictionnaires de médecine et les traités de pathologie traînaient souvent des semaines, recouverts de poussière, sur la bibliothèque formée de trois planches reliées entre elles par des cordes.

Le jeune étudiant restait-il à rien faire, durant tout ce temps, ou courait-il les tavernes ? Non pas.

Se confinant, chaque jour, dans sa chambrette, il dévora un nombre incalculable d’ouvrages sur la peinture, la poésie, la sculpture, la poésie, la sculpture surtout. Les arts et la littérature absorbaient tout son temps.

Et Régine ? Régine que Pierre aimait de plus en plus, à mesure que la distance et les mois le séparaient de la charmante enfant.