Page:Girard - Mosaïque, 1902.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.
51
LA JOLIE FILLE DE GRANDPRÉ

Elle morte, mon pèlerinage accompli, que me reste-t-il en partage, sinon la mort.

Adieu, hameau que je chérissais ; adieu, parents que je vénérais ; adieu, vous tous qui m’estimiez ; adieu Fidélia, que j’adorais et que j’adore encore aujourd’hui dans la mort !

Et il étendit dans la neige, ses membres bleuis par la bise.

Pleine d’allégresse, la cloche du temple saint chantait joyeusement dans les cieux :


Il est né le divin enfant,
Jouez hautbois, résonnez musettes,
Il est né le divin enfant,
Chantons tous cet avènement !


Des voix d’anges semblaient se faire entendre dans les airs, entonnant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté… »

Le village se réveillait, s’animait, se réjouissait.

Un par un, deux par deux, quatre par quatre, les fidèles, bien enveloppés dans de chaudes pelisses et d’épaisses fourrures, sortaient de leurs foyers et glissaient comme des ombres sur la route lactée de l’église.

Soudain, le mourant s’appuya sur un coude, et écouta.

Il écouta, il vit, il comprit et il pleura.

Fermant les yeux, il vit passer, dans une vision rapide, les plus belles années de sa vie, celles où, lui