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LA JOLIE FILLE DE GRANDPRÉ
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tres vivement éclairées, elle paraît être de loin le phare du salut.

Nous sommes au 25 de décembre. Sous le chaume, les villageois sont réunis autour du foyer, dans lequel des bûches gigantesques donnent et leur chaleur et leur lumière, en réflétant, sur les murs en bois équarri, de folles et capricieuses figures.

Ils font la veillée en attendant l’heure solennelle où le Christ va descendre de son royaume, étincelant de splendeur, pour venir se faire maigre et grelottant petit dans une auge au fond de laquelle un peu de paille a été oubliée par hasard.

Femmes et enfants, peu habitués à ce prolongement de veille, sont surpris dans leur bonne foi et somnolent bénignement sur leurs chaises, comptant pour les réveiller, sur le zèle de la race barbue, qui monte tantôt silencieusement la garde, tantôt en échangeant quelques monosyllabes, tout en fumant la pipe pour ne pas s’endormir, eux aussi, peut-être.

Parfois, un veilleur se lève et jette une bûche à demi couverte de glace dans le brasier, dont la flamme jaillit plus vive en pétillant sous l’action de la glace et de la neige fondantes.

Ridiculeusement drapé dans une mauvaise redingote qui faisait jour de plusieurs côtés, les jambes vacillantes, le dos voûté, les cheveux blancs se confondant avec la neige qui continuait toujours à tomber, un voyageur avançait péniblement.

Soudain, il s’arrêta.