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LA JOLIE FILLE DE GRANDPRÉ

Au lever du jour, elle s’arrêta à l’entrée d’une forêt aux retraites pleines de mystères. Un instant, elle hésita.

Puis, subitement décidée, elle en franchit résolument l’enceinte, et après avoir marché quelque temps, elle se trouva face à face avec deux fugitifs comme elle, qui s’étaient affaissés sur le sol durci, exténués de fatigue et de chagrin.

Après le départ des soldats, plusieurs Acadiens, qui avaient échappé, par la fuite, à la déportation, revinrent à Grand-Pré, et construisirent, à la hâte quelques rustiques cabanes.

Fidélia fut adoptée par deux charitables paysans qui trouvèrent, dans cette jeune vierge, un ange de consolation et de paix.

La fiancée de Réné se revêtit d’habits de deuil dont elle ne se départit plus. Elle devint, si possible, plus pieuse qu’avant, et ne songea plus qu’à prier, à soulager et à consoler.

Chaque jour, elle parcourait le hameau qui commençait à se relever de ses ruines, soignant les malades, instruisant les petits et assistant les vieillards débiles, se faisant bénir de tous, sous le nom d’Ange de la Charité.

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