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LA JOLIE FILLE DE GRANDPRÉ
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— Je t’en prie, Fidélia, lui répétait-il, prends courage, tu n’as plus de parents, il est vrai, mais je t’aimerai pour trois et tu auras encore de beaux jours à vivre sur la terre.

— Réné, oh ! Réné ! mes chers parents, mes bien aimés parents, ils m’aimaient tant !

— Je comprends et partage toute l’immensité de ta douleur, ma chère fiancée, car tes pauvres parents n’étaient-ils pas à la veille de devenir les miens également, et Dieu sait si je les aimais !

— Tu as raison, Réné, nous serons deux pour les pleurer, et qui sait…

— Eh bien ! que veut dire cette comédie ? Est-ce le temps de faire la causette, en ce moment ? Allons ! chenapan, filez droit aux vaisseaux.

Le jeune homme, se retournant, vit trois robustes soldats le fusil à l’épaule qui le dévisageaient ironiquement.

Il releva fièrement sa haute taille, demandant avec assurance :

— Et de quel droit me forcera-t-on à avancer ?

— Par celui-ci, répondirent les brutes en lui plaçant leurs baïonnettes sur la poitrine.

— Un droit digne de vous, répartit amèrement Réné. Usez-en de ce droit, je reste.

— Partons, répliqua Fidélia en se levant et en passant son bras sous celui du jeune homme.

— Non pas ! s’écria l’aviné trio. Vous, charmante demoiselle, vous allez nous faire le plaisir de