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LA JOLIE FILLE DE GRANDPRÉ

la baie Verte, et du fort Beauséjour, sur la baie de Cumberland. Les malheureux Acadiens, trahis dans leurs droits les plus chers et les plus sacrés ont été attirés dans un piège à Grand-Pré. Les mœurs des Acadiens étaient pures, leur attachement à la patrie et à la religion catholique, sincères On les avait accablés de vexations et d’impôts. Ils préférèrent tout souffrir, plutôt que d’apostasier.

C’est le 15 septembre. À la suite d’une proclamation générale, quatre cent dix-huit hommes, sans armes, arrivent à la fois dans la petite église de Grand-Pré. Les avenues sont gardées. Winslow, le commandant anglais, se plaçant au centre, leur tient ce discours.

« Vous êtes réunis ici pour que je vous fasse part de la résolution définitive de Sa Majesté à l’égard des habitants français de cette province. Vos terres, vos métairies, vos provisions de toute espèce, sont confisquées au profit de la couronne, et vous-mêmes, vous serez éloignés de ce pays. Vous devez à la bonté de Sa Majesté le droit qui m’est accordé de vous laisser emporter votre argent et vos effets domestiques, sans qu’ils puissent, cependant, encombrer les vaisseaux où vous allez vous embarquer ».

Et il les déclara prisonniers du roi.

Les Anglais promènent dans tout le pays la torche et le fer. Ils pillent, saccagent, massacrent. Tout est mis à feu et à sang. Les femmes et les enfants à demi nus se sauvent dans la profondeur des bois