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ENSEMBLE

murmure rythmé d’un ruisselet coulant sur les roches et les galets d’un lit peu profond.

Au pied d’un orme à l’ombrage bienveillant, la nature semblait s’être complue à préparer à l’amour une natte moëlleuse et caressante.

Réginald, s’étendant à demi sur cette couche, y attira doucement Lucie qui s’assit à ses côtés.

Il prit dans ses mains les mains de la jeune fille qui rougit à ce contact. Autour de sa taille, il passa son bras et chanta à son oreille des mots inaccoutumés, étranges, une langue qu’elle n’avait jamais entendue et qui tintait dans son cœur comme un carillon ébranlé par des mains divines.

L’instant d’après, Réginald serrait à la broyer son amante sur son cœur. Leurs lèvres s’approchèrent et s’unirent dans un serment éternel.

Et tout s’évanouit dans la nature. Seul l’acte suprême d’amour subsista dans toute sa grâce, dans toute sa force, dans tout son infini.

 

Unique et discret témoin de cette tricherie amoureuse, l’oiseau moqueur se fit entendre, regardant de ses yeux petits, noirs, ronds, vifs, pétillants les deux amants.

Après avoir réparé le désordre de leurs habits, ils reprirent le chemin de la clairière, lui ne parlant pas, elle n’osant lever les yeux sur celui qui venait de lui apprendre tant, en si peu de paroles.