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MOSAÏQUE

bois épais, où une grande plateforme en madriers avait été préparée pour la danse.

Réginald valsa longtemps avec Lucie, si longtemps que la jalousie des compagnes de cette dernière en fut éveillée.

Il y a des amours dont l’éclosion est tardive comme les roses ; d’autres, au contraire, rapide comme les pensées aux pétales veloutées. La jeune fille connaissait à peine l’étranger que déjà elle l’aimait de toute la force de son être, jusque dans la moëlle de ses os.

— Venez, ô ma mignonne, supplia Réginald, venez avec moi reposer vos membres fatigués, dans l’épaisseur du taillis, sous l’ombre des chênes robustes et des érables aux larges feuilles.

— Mais ne sommes-nous pas bien ici, repartit Lucie, saisie de crainte à l’idée de se voir seule au milieu de la forêt avec cet homme, auquel elle ne pourrait jamais résister, quoiqu’il lui demandât.

— L’amour guidera nos pas. Vos yeux rêveurs et votre bouche rieuse égayeront notre solitude.

Lucie obéit et se laissa conduire.

Comment eût-elle pu résister ?

Ses pieds imprudents foulèrent un sol qu’ils ne connaissaient pas. Et cependant, le jeune homme avançait toujours.

Maintenant tout bruit avait cessé. On n’entendait plus que l’harmonieux ramage des oiseaux, et le