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MOSAÏQUE

premier tramway et tomba, comme une bombe, dans la pharmacie de son beau-père, en s’écriant :

— Sauvez-moi ! Sauvez-moi !

— Du calme ! du calme ! jeune homme ! dit M. Legris, vos jours sont donc en danger ?

— Il m’est pénible, mon cher beau-père, de vous faire cet aveu, mais j’y suis forcé. Madame Legris est une excellente femme…

— Je n’en ai jamais douté, remarqua M. Legris.

— Ni moi. Seulement, j’aimerais bien à faire mon voyage de noces, seul avec ma femme.

— Et qui diable ! vous en empêche ?

— Mais votre femme, parbleu !

— Vous dites ?

— Je dis que, pas plus tard que tout à l’heure, elle a témoigné le désir de nous accompagner. Et vous savez — souligna Horace, en mettant la main sur l’épaule de M. Legris et en le regardant dans les deux yeux — il est des personnes dont le désir équivaut à un ordre et à un ordre qui ne se discute pas.

M. Legris n’était pas fou. Il comprit, tout de suite, l’embêtant dilemme dans lequel son gendre venait d’être placé par la capricieuse et autoritaire madame Legris.

— Et vous voulez ?

— Je veux que vous me sortiez de cette ornière où je suis empêtré. D’ailleurs, c’est bien simple, vous n’avez qu’à vous opposer à ce voyage.