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LE SPHINX

Horace, qui n’était pas sans connaître l’excellent caractère de sa belle-maman, voulut du moins jouir d’un trimestre de bonheur complet, d’une lune de miel qui ne serait pas obscurcie par le plus léger nuage. Il proposa donc, adroitement, un voyage en Europe, question de mettre l’Océan entre lui et sa belle-mère.

Un moment, ce plan intéressé faillit être gâté par l’audace de madame Legris, qui insinua, avec un aplomb imperturbable, qu’elle n’avait jamais visité le vieux monde et que ce serait, pour elle, un plaisir infini que de faire le voyage, en compagnie de « ses deux chers enfants ».

Horace, à cette invitation peu alléchante, faillit se trouver mal, et peu s’en fallut qu’il ne jetât les hauts cris, mais, se ravisant, il songea, avec raison, que la diplomatie n’est pas seulement une science des rapports entre les États, mais, surtout, entre le gendre et la belle-mère, lorsqu’il se présente des questions épineuses

— Avec le plus grand plaisir, répondit l’infortuné gendre. Nous serons charmés de votre compagnie. J’allais vous proposer la même chose et j’espère bien que vous ne nous priverez pas de votre présence durant ce long voyage.

Puis, prétextant une course nécessaire en ville pour les derniers préparatifs du mariage, le jeune diplomate dédoublé d’un gendre en péril, sauta dans le