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LE SPHINX
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il a échoué, la rage de belle-mère du calibre de madame Legris ; là, s’est arrêtée sa science, comme au pied d’un mur infranchissable

Deux événements importants ont fait époque dans sa vie flasque et néfaste, marquée au coin de la fatalité : le jour, où elle parvint à se faire agréer d’un apothicaire, plus riche de fioles et de bocaux que de patients, et le jour, où après bien des manigances, elle englua dans ses fils de tarentule, un gendre dans la personne d’un jeune courtier.

Comment fut-elle assez diplomate pour faire réussir son astuce et sa persévérance, c’est là chose assez difficile à expliquer ? Mais, mon Dieu ! si les belles-mères ou celles qui en ont l’étoffe, ont leur point faible, elles ont aussi leur côté fort, et quand une femme se met dans la tête de se payer le luxe d’un gendre, il n’y a rien qui puisse résister à la tourmente. C’est la trombe qui brise, casse, broye, arrache, balaye tout. Tantôt, c’est la lame qui vient tout doucettement lécher le sable du rivage ; tantôt, c’est la houle écumante, qui, s’élevant à cent pieds dans les airs, s’abat contre la légère goélette qu’elle fait chavirer. Alors, c’est la ruine, le mariage.

Malheur au vaincu ! Il paiera pour toutes les courbettes qu’aura s’imposer la future belle-mère, car la femme n’aime pas à courber la tête ; elle dissimule quelquefois, quitte à se venger mieux, plus tard.

Madame Legris était parvenue à cet âge que l’on