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À LA CONQUÊTE D’UN BAISER

ou un démon, sorti de l’enfer, pour nous damner. Et pourtant, la femme n’est-elle pas un mélange de caprices et de gentilles cruautés ? Et cependant, qu’avait-il fait pour mériter un si grand bonheur, si c’est un ange, et qu’avait-il fait pour mériter un si grand malheur, si c’est un démon ? Il a été vingt, vingt-cinq, trente ans sans voir celle qui doit faire un ciel ou un enfer de sa vie, et tout à coup, v’lan ! voilà que la rencontre se fait et plus moyen de fuir, la vieille victoire de la mouche qui tombe dans la toile tendue par l’araignée.

Comment se fait-il que l’on voit des hommes, des foudres de guerre, d’un caractère indomptable, d’une énergie surhumaine, renversant tout sur leur passage, et sourds à toutes les prières, qui ont résisté aux charmes de centaines de beautés et qui, tout-à-coup, sont subjugués par le sourire d’une femme, captivés par le regard d’une jeune fille ?

Comment se fait-il que moi, que rien n’a pu émouvoir, qui n’ai jamais accordé que le respect et la galanterie dus à la femme, aie été pris à l’improviste par cette jeune fille qu’on appelle « La Belle de Paris », et que, moi, j’appelle la belle au cœur d’or en dépit de ses incartades ? Mais elle, s’occupe-t-elle de moi ? Certainement que non. Elle est trop belle, elle est trop riche, pour s’arrêter, un instant, à un pauvre diable comme moi, qui n’ai d’autre richesse que l’espérance de la gloire. Maigre consolation dans ce siècle d’argent.

(Coup de sonnette)