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À LA CONQUÊTE D’UN BAISER
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ma dot j’aurai de l’argent, et en ayant de l’argent je m’amuserai, et en m’amusant, je… Assez ! je suis suffisamment loin comme çà. En attendant, je suis une jeune fille sans dot, une jeune fille pauvre, mais, « dans un grenier qu’on est bien à vingt ans. »

(Elle chante)
LE GRENIER
(Air du Carnaval)

Je viens revoir l’asile ma jeunesse
De la misère a subi les leçons.
J’avais vingt ans, une folle maîtresse,
De francs amis et l’amour des chansons.
Bravant le monde et les sots et les sages,
Sans avenir, riche de mon printemps,
Leste et joyeux, je montais six étages.
Dans un grenier qu’on est bien à vingt ans.

C’est un grenier point ne veux qu’on l’ignore.
Là fut mon lit, bien chétif et bien dur ;
Là fut ma table ; et je retrouve encore
Trois pieds d’un vers charbonnés sur le mur.
Apparaissez, plaisirs de mon bel âge,
Que d’un coup d’aile a fustigés le Temps ;
Vingt fois pour vous j’ai mis ma montre en gage.
Dans un grenier qu’on est bien à vingt ans.

Lisette, ici, doit surtout apparaître,
Vive, jolie, avec un frais chapeau ;
Déjà sa main, à l’étroite fenêtre,
Suspend son châle en guise de rideau.
Sa robe aussi va parer ma couchette ;
Respecte, Amour, ses plis longs et flottants.
J’ai su, depuis, qui payait sa toilette.
Dans un grenier qu’on est bien à vingt ans.