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À LA CONQUÊTE D’UN BAISER

l’espèce humaine masculine, que j’ai vus au Café du Boulevard et qui ont bu à la santé de la Belle de Paris, c’est-à-dire de moi. Comment se sont-ils rencontrés tous ensemble chez ma tante, je n’ai pas eu le loisir de le lui demander ?

Si vous les aviez vus, mon oncle ! L’un est un vieux tout blanc, avec le petit ruban rouge à sa boutonnière, s’il vous plaît. Un autre est un grand blond avec une couronne de vicomte sur le chaton de sa bague et de grandes moustaches d’or, tortillées comme çà. Oh ! il n’est pas mal du tout. Le troisième était un petit dandy, un joli garçon, avec un monocle, des guêtres, des gants beurre frais, et le soupçon d’un accent circonflexe qui semblait l’occuper très fort. Soit dit en passant que la grande glace de la cheminée avait, pour lui, un attrait tout particulier. Le dernier était un écrivain, je crois, ou un peintre, ou un musicien, ou un poète, ou un sculpteur, ou un… ou un… bah ! peu importe. Je pense que j’en ai suffisamment nommés. Cependant, c’est certainement un des susdits, car ils se ressemblent tous. Le genre est le même, il n’y a que l’espèce qui diffère. Ses vêtements se seraient sentis à l’aise, sur les épaules d’un Israélite. Et il avait des cheveux, des cheveux, tenez, longs comme çà. C’est dommage, tout de même, car il est beau garçon et bien fait.

Quelle heure est-il ? Deux heures. Sapristi ! qu’il est tard ! Mais j’avais tellement peur de l’orage que