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FLORENCE

Celle-ci, trop noble pour dissimuler, baisse ses longs cils et dit d’une voix si douce, si douce, qu’à peine Hubert peut l’entendre :

— Êtes-vous aveugle, M. Rolette, que vous n’ayez découvert la flamme qui brille dans mes regards ?

Elle lève ses grands yeux violets et embrasse le jeune homme d’un œil qui met à nu toute son âme.

Subjugué, fasciné, Hubert est hors de lui. Il se laisse glisser à ses genoux. Il colle son front brûlant sur les mains glacées de la jeune fille, et lui dit, dans un cri inexprimable du cœur :

— Ma chère Florence, je t’aime…

La jeune fille, debout, la tête baissée, gardait le silence. Hubert allait se lever, le désespoir dans l’âme, quand, tout à coup, il sentit une larme bénie, larme capable d’enfanter des prodiges, qui venait de tomber sur sa main. Trahie par cette larme qu’elle n’avait pu retenir, elle dit à celui qu’elle voyait à genoux à ses pieds dans l’attitude d’un malheureux qui attend sa sentence de vie ou de mort :

— Monsieur, j’ai déjà entendu parler de vous. Quand un homme nourrit pour sa patrie l’amour que vous avez pour elle, il ne peut avoir qu’une âme noble et généreuse, pouvant produire les dévouements les plus héroïques. Mon cher Hubert, non seulement je t’admire, mais je t’aime !

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Les deux jeunes gens retournent au salon. Ils trouvent Gustave Turcobal entouré de plusieurs invités. Ce jeune « frais » n’avait pu, avec tous ses diamants et ses frisons, attirer l’attention sur sa pré-