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Les deux années qui suivirent cet éclatant succès s’écoulèrent, pour le romancier, en voyages sur le continent et particulièrement sur ces beaux rivages de l’Europe méridionale et de l’Orient, où la civilisation a écrit sa marche en si magnifiques débris. Le poëte, ainsi que l’a dit Victor Hugo, est comme l’hirondelle, il aime le printemps et les ruines.

Disraéli, à son retour, publia deux nouveaux romans : Contarini Fleming et the Young Duke. La violence des critiques que soulevèrent ces ouvrages, écrits dans la forme ardente et colorée qu’avaient revêtue les lettres françaises, constate la grandeur de leur succès. Disraéli était connu, son nom devint populaire.

L’Angleterre possède une spécialité littéraire presque étrangère à la presse française : political novel, le roman politique, qui devient parfois le roman-pamphlet. Pour les Anglais, peuple essentiellement calculateur, le beau n’est beau qu’autant qu’il est l’utile. Dans les lettres surtout, il est loin de briller comme le terme idéal de leurs aspirations, il n’est qu’un moyen de faire prévaloir leur intérêt, une arme pour assurer le triomphe de leurs opinions. Il faut à leur fantaisie même un résultat positif.