dont m’avait honoré Mme la mairesse. Sur mes gardes, désormais, j’avais présent devant les yeux le souvenir du bridge comme un épouvantail.
Mais, j’étais certain de revoir ma Suzette chez M. le maire. La pensée de la jouissance que me procureraient les moments passés en tête-à-tête avec elle vainquit ma résistance et mes appréhensions.
Je venais de saluer les hôtes de la maison, quand, assise sur un banc rustique, sous une tonnelle à demi-baignée de la lumière douce et calme de la lune qui montait, là-bas, au-dessus des flots assoupis, je l’aperçus belle et captivante comme dans un conte des Mille et une Nuits.
Vite ! je me glisse dans sa direction, mon cœur battant à me rompre les côtes…
Je m’asseois sur le siège, à côté d’elle, la seule place de libre.
Aucun danger d’être interrompu.
Mon âme tressaillit d’allégresse…
Enfin, j’allais causer seul à seul avec cette beauté qui me souriait, et quel sourire !…
Que j’avais bien fait de ne pas m’arrêter à des craintes futiles et de me rendre à cette soirée !
On a beau aimer le bridge, ces gens étaient raisonnables et civils. On ne fait pas un abus même des meilleures choses.