Cet intérêt insolite m’intrigua.
Je parcourus mon être de la tête aux pieds pour m’assurer que je n’avais pas quelque chose de trop ou qu’il ne me manquait rien.
Je ne découvris rien d’anormal.
En revanche, je rencontrai, sur un bout de trottoir, un homme très propre, la figure sereine, le regard imposant.
J’allais, en homme bien élevé, lui céder le pas, quand d’une voix émue, et me tendant gracieusement la main, il me dit :
— Monsieur Moreau, bien que je n’aie pas eu l’honneur de faire votre connaissance, permettez-moi de vous dire que j’ai entendu parler de vous dans les termes les plus flatteurs…
V’lan ! ça y est ! pensai-je alarmé. Je suis découvert, et mon voyage à Londres, et mon plaidoyer devant le Conseil privé ! Ce que l’on va en faire des gorges chaudes à mon sujet !
— Oh ! fis-je avec modestie, en baissant les yeux.
— Vous jouez parfaitement au bridge, nous dit-on.
— Ah ! ne pus-je m’empêcher de répondre bêtement, furieux d’avoir cru, un instant, que ma bonne renommée avait parcouru des centaines de milles.
— Permettez-moi de me présenter : je suis le notaire Marsolais.
— Enchanté de faire votre connaissance !
Et, comme la conversation tombait :
— Beau temps, fit-il.