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enchanteresse qui le retenait cloué sur sa natte et l’empêchait d’obéir à la résolution qu’il venait d’arrêter il se leva d’un mouvement énergique.

Il dirige ses pas vers le soldat prisonnier et le touche à l’épaule.

Il lui pose un doigt sur les lèvres.

Toujours sans prononcer une parole, il prend le couteau qui pend à sa ceinture.

Le commandant des Trois-Rivières n’est pas encore remis de son étonnement qu’il est libre.

Alors, Andioura tend le bras dans la direction du Metaberoutin en faisant comprendre par signes au visage-pâle qu’il trouvera un canot sur la grève.

M. de Champflour s’adresse au missionnaire :

— Mon révérend père, dit-il, faites comprendre, je vous prie, à cet Iroquois, que jamais je ne partirai seul d’ici, que jamais je ne vous abandonnerai à la fureur de ces barbares. Nous avons été pris ensemble, nous mourrons ensemble.

Alors, entre ces deux héros de la patrie et de la foi, c’est un combat de générosité.

Le missionnaire, enfin, ayant interprété les paroles de son compagnon, Andioura coupe les liens du Jésuite.

Il dit avec tristesse :

— Vous êtes libres tous les deux. Suivez-moi.

Vous monterez dans mon canot, et vous retournerez auprès de vos frères les visages-pâles.

Andioura marche en silence, quand il réprime un cri de rage et de surprise. Lui barrant le chemin, les bras