ne sont que de vieilles squaws qui versent des larmes et demandent grâce à la moindre douleur.
Le visage-pâle se laisse facilement abattre par la fatigue ; son corps n’est pas brisé à la noble vie des camps. Laissons, cette nuit, reposer les prisonniers, et, demain, quand ils seront frais et dispos, nous verrons si nous devons manger leur cœur ou le donner en pâture à nos chiens. J’ai dit.
Des murmures de désapprobation accueillent ces paroles. Mais un Ancien, vétéran de cinquante batailles, se lève majestueusement et parle en ces termes :
— Andioura n’a que vingt hivers, mais il a la sagesse du vieillard. Il a raison. Donnons à boire et à manger à ces visages-pâles. Qu’ils étendent sur nos meilleures peaux de loups-marins leurs membres exténués. Demain quand ils se seront remis de leurs fatigues, nous leur ferons entonner leur chant de mort. Notre jouissance, pour être un peu retardée, n’en sera que plus vive. J’ai dit.
Le sagamo se tourne vers la tribu. Il impose silence d’un geste autoritaire et dit :
— La jeunesse et la vieillesse ont parlé ; leur bouche a proféré des paroles sages. Attendons.
Andioura, je te laisse la garde des deux prisonniers J’ai dit.
Un éclair de joie, qui n’échappe point au rusé sagamo, brille dans la prunelle ardente d’Andioura.