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Son coutelas à la main, Andioura s’avance lentement et avec calme contre le soldat français.

Les Agniehronnons, dont l’habitude est de tomber à l’improviste sur leurs ennemis, comme des panthères qui, des profondeurs des bois, s’élancent d’un bond sur leur proie, regardent, muets de stupeur.

Andioura voulait par sa bravoure mériter la main de Biche-Blanche.

Voilà le motif qui le faisait agir quand il s’offrit, à découvert, à son ennemi, sans d’autre arme qu’un couteau.

M. de Champflour, étonné de cette manière d’agir de l’Iroquois, sort l’épée du fourreau, tout en ayant soin de retourner la tête, de peur d’être surpris par derrière.

Alors, rapide comme la pensée, le comte décrit dans l’azur du ciel un moulinet foudroyant.

Andioura, plus agile que le léopard, évite le coup fatal.

À son tour, il bondit.

Laissant tomber son couteau, il saisit des deux mains le bras armé de son adversaire, et le force à lâcher son arme.

— À moi ! s’écrie aussitôt le jeune homme.

Trois ou quatre Agniehronnons s’élancent sur M. de Champflour et le font prisonnier.

Le missionnaire et le comte, solidement ligottés, sont conduits dans le canot que les Indiens ont caché dans les roseaux de l’anse sablonneuse.