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Tout à coup, l’Indien à la pipe de pierre se leva. Sans retourner la tête pour s’assurer si personne ne l’épiait, il marcha dans la direction de la cascade.

À quelques distances de l’Iroquoise, il ralentit le pas, et lorsqu’il fut près d’elle, à quelques pieds en arrière, il s’arrêta, pour l’admirer longuement, amoureusement.

Puis, comme prenant une décision subite :

— Biche-Blanche ! appela-t-il d’une voix tremblante.

Il s’en voulut aussitôt de cette émotion auprès d’une jeune fille, lui le guerrier, l’homme, le maître.

Mais le sang d’Andioura ne pouvait mentir, ce sang de la vieille France, qu’il portait intact dans ses veines généreuses, ce sentiment de délicatesse et de courtoisie pour la femme, à quelque classe de la société appartienne-t-elle.

Et de nouveau, ce fut avec un tremblement dans la voix qu’il répéta :

— Biche-Blanche !

Cette fois, l’Indienne s’était retournée avec une rougeur au front.

Tous deux furent quelques secondes à se regarder sans mot dire. Andioura rompit le silence :

— Fille d’Aontarisati, le noble sagamo, dit-il, plus belle que l’astre des nuits qui illumine en ce moment tes grâces enivrantes ; toi, plus douce que le miel de l’abeille et que la biche dont tu portes le nom, plus pure que la colombe qui n’a pas encore quitté le nid de sa mère, toi, dont la voix est plus mélodieuse que le rossi-