L’Iroquois se jette sur lui, le saisit dans ses bras, et fuit, reprenant le chemin qu’il avait parcouru une demi-heure auparavant.
Il va dans la nuit, emportant avec lui toute la joie, l’orgueil et l’espoir du comte et de la comtesse de Champflour.
Maintenant, il court et se démasque tout à fait.
D’une main violente posée sur les lèvres roses de l’enfant, il étouffe ses appels à sa mère.
Mais les sentinelles ont aperçu le ravisseur dont la forme noire tranche dans l’aube naissante.
Sans l’atteindre, elles déchargent sur lui leurs arquebuses.
Aontarisati se sauve avec la rapidité du cerf qui franchit les plaines en bondissant.
Il est déjà loin.
— Aux armes ! crie-t-on de tous côtés.
On va, on vient, partout on s’appelle.
Çà et là, des lumières s’allument dans les maisons.
La pauvre sentinelle est trouvée baignante dans un flot de sang, et la comtesse inanimée sur le parquet, près du lit vide.
Le comte, à ce dernier spectacle, pousse un cri terrible, qui retentit lugubre au sein des dernières ténèbres de la nuit, le cri du lion du désert à qui l’on vient d’enlever son lionceau.
La moitié de la garnison, renforcée de tout homme capable de porter les armes, se met en route, sous le commandement du comte de Champflour.