Page:Girard - Contes de chez nous, 1912.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.

UN ENLÈVEMENT AU DIX-SEPTIÈME SIÈCLE


I

Les Agniehronnons, sous la conduite du redoutable sagamo Kiotsaeton, sont partis de leur pays au nombre d’une centaine. Ils se sont répandus dans les cours d’eau et les bois qui avoisinent la bourgade des Trois-Rivières, où ils savent rencontrer les Indiens à la poursuite du castor et de la loutre. Une trentaine de guerriers, au nombre desquels le sagamo, viennent d’arriver à la hauteur du lac Saint-Pierre, où ils se sont embusqués.

Il fait une nuit calme et tiède, une de ces incomparables nuits de juin des vastes et imposantes solitudes de la Nouvelle-France.

Dans toute la nature endormie règne un silence solennel. Un léger frisson plisse la surface des eaux du lac, striées d’une raie d’argent. C’est à peine si l’on entend sur la grève le murmure de la vague légère qui vient y mourir.