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Paul. — Disparu de la circulation ! Ce n’est pas une explication ça et… Offre-moi donc un siège.

Roland (fermant la malle). — Excuse-moi, mais comme tu peux le constater par toi-même, je n’ai pas là une installation des plus modernes. Choisis, si tu l’oses, voici mon lit, voilà ma malle.

Paul (en s’asseyant sur la malle). — Tout homme bien né ne doit pas rechercher le meilleur siège de la maison. Va pour ta malle !… Je te disais donc… que te disais-je ?

Roland. — Tu me disais que mon explication n’était pas très… très claire.

Paul. — Ah ! j’y suis. Un jeune homme fait sa cour à une jeune fille censée réunir tous les dons physiques, intellectuels et moraux ; il fait la demande, on publie les bans et, le matin du mariage, l’infortuné ne se rend à l’église que pour apprendre que Mademoiselle a filé avec un quidam, je comprends alors que le marié non marié disparaisse de la circulation ; un rival malheureux dans ses amours, assomme l’autre, dans un accès, de jalousie noire, et se coupe la gorge ensuite, l’imbécile, c’est évident, disparaît de la circulation ; un écervelé qui, après avoir dissipé un tiers de son patrimoine avec les femmes, un autre tiers avec le bluff et le troisième tiers avec le jus de la vigne, veut encore en perdre