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PINDARE

exciter un vif intérêt. L’abondance du développement, la disposition dramatique des faits, le simple mérite d’un enchaînement régulier, où tout se suit depuis le commencement jusqu’à la fin, suffisent pour nous attacher aux antiques légendes qu’a créées la féconde imagination de la Grèce. Certains hymnes homériques en sont la preuve. Or Pindare raconte beaucoup, mais le plus souvent ne développe pas ; il concentre et résume en quelques traits. S’arrête-t-il sur un point : il supprime ou abrège le reste. « Je sais, dit-il, un chemin rapide ; » et il se dérobe, laissant le lecteur déçu et déconcerté. Comment donc se fait-il qu’il ait été l’objet d’un tel enthousiasme chez les anciens ? À cette question les réponses ne manquent pas, et chacune marque une différence profonde entre l’antiquité et nous, au point de vue moral et au point de vue de l’art.

Évidemment, et c’est la première explication à donner, les odes de Pindare répondaient à un ordre de sentiments qui avaient chez les Grecs une force inconnue aux modernes. C’étaient des chants destinés à des fêtes patriotiques. Que le vainqueur fût un prince ou quelque particulier de grande famille, que la victoire se célébrât dans un palais ou dans une maison, dans un temple ou au prytanée, ou sous un portique, la cité était toujours associée à la solennité ; cette illustration d’un de ses