Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/92

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
78
ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

dans les deux mots consacrés de désordre et galimatias. Le pindarisme de Lebrun ne servait guère mieux la gloire de son modèle. André Chénier lui-même, qui lisait Pindare en grec et a traduit en vers brillants et harmonieux le début de la VIIe Olympique, n’entra pas très avant dans l’intelligence de ce qu’il admirait. Même pour le sentiment, rien n’est moins pindarique qu’un joli vers comme celui-ci :

D’une vierge aux yeux noirs le lit et les caresses.

André Chénier était, lui aussi, de son siècle, et quelque pénétré qu’il soit des charmantes inspirations de la Grèce, il n’a pas puisé directement aux grandes sources ; il n’est arrivé à Homère et à Pindare qu’en passant par Alexandrie.

C’étaient des savants, des membres de l’Académie des inscriptions, l’abbé Fraguier, surtout Vauvilliers, qui, les premiers, apercevaient avec une certaine netteté quelques-unes des conditions particulières à la composition des odes de Pindare. Ils n’allaient pas encore très loin, mais au moins entraient-ils dans la voie que devait suivre Bœckh au commencement de notre siècle, et où enfin le succès, sur bien des points, couronna son puissant effort. C’est principalement de lui que procèdent les nombreux travaux d’interprétation et de métrique auxquels l’Allemagne depuis n’a pas cessé