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ÉPICHARME

et il est trop évident que l’effet n’en pouvait être aucunement comparable à celui des trilogies d’Eschyle.

Épicharme fit de la comédie une œuvre d’art, non seulement par le développement de la fable et par la composition, mais aussi en la revêtant de la forme poétique qui lui était certainement étrangère avant lui. Tous ses fragments se répartissent entre trois espèces de pieds, les ïambes, les trochées et les anapestes. Cette variété d’effets rythmiques indique chez le poète un art assez avancé pour approprier le mètre au sujet : deux de ses pièces, les Danseurs et le Chant de victoire, étaient tout entières écrites en anapestes, mesure consacrée à la marche et à la danse[1]. Il n’est pas indifférent de remarquer que nous avons de son contemporain, l’ïambographe Ananius, dont le nom se rencontre dans un de ses vers, un fragment gastronomique ; l’ïambe était donc alors appliqué ailleurs qu’au théâtre à ce genre de sujet si aimé d’Épicharme. Du reste, dans l’emploi de ces différents mètres, il se permettait plus de liberté que ne l’avaient fait les poètes qui en avaient usé avant lui et que ne devaient le faire les comiques athéniens. La comédie lui semblait demander un certain degré d’abandon dans ses allures ; et ces

  1. Nouvel indice, d’après une remarque de M. Weil, que les comédies d’Épicharme étaient courtes.