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ÉPICHARME

été magnifiquement construit avant celui d’Athènes et où devait bientôt paraître la tragédie d’Eschyle ; Épicharme opéra seul la même transformation dans ces petites peintures de mœurs bouffonnes dont Mégare Hybléenne avait reçu la tradition de sa métropole, et ainsi se trouva constituée son œuvre dramatique dans ses deux ordres de sujets. Il résulterait de là que ses comédies, au moins celles qui étaient arrivées à leur perfection et qui étaient restées, avaient été écrites à Syracuse et appartenaient à la seconde moitié de sa vie ; ce qui est conforme à ce qu’on lit dans Suidas.

En quoi consistait dans Épicharme cette transformation qui de grossières ébauches avait fait des œuvres d’art ? Le premier mérite était évidemment celui de la composition. Il fit des pièces régulièrement construites par le progrès d’une action qui se nouait et se dénouait. Avant lui, il n’y avait que des idées comiques, de petites scènes isolées, qui se bornaient à un point détaché d’une légende mythologique ou à un détail de mœurs traité en lui-même, sans rapport avec un sujet plus général ni avec une intrigue dramatique. Tel est bien le sens du seul témoignage ancien que nous ayons sur cette question[1], et c’est ce qui a été bien établi par Grysar dans son étude sur la comédie dorienne.

  1. Anonyme, De comœd., III, 5.