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ÉPICHARME

celui qui prétendait à leurs suffrages ; ils voulaient applaudir, non pas un simple bouffon, mais un artiste. Nous savons déjà qu’il y a plus d’une raison de croire qu’Épicharme s’efforça de les satisfaire ; ajoutons-y une présomption.

Il est un nom que les témoignages grecs citent souvent à côté de celui d’Épicharme, c’est le nom de Phormis, qui partage avec lui l’honneur d’être désigné par Aristote comme ayant constitué la comédie par l’invention de la fable. Ce Phormis fut lui-même un remarquable exemple de ce que la vie de beaucoup de Grecs distingués avait alors de mobile et d’imprévu. Né à Ménale en Arcadie, il obtint à Syracuse la faveur de Gélon et de Hiéron. Le premier lui accorda même assez de confiance pour le charger de l’éducation de ses fils. Une pareille fonction, non moins surprenante chez un auteur comique que la qualité de philosophe, fait l’éloge du caractère de Phormis. Ce qui n’est guère moins inattendu, c’est que son titre principal à l’estime des princes de Syracuse paraît avoir été son mérite militaire. Il se distingua dans les guerres soutenues par les deux frères, y accomplit des actions d’éclat et y gagna une grande fortune, qui lui permit de consacrer des statues comme offrandes à Olympie et à Delphes. Pausanias vit à Olympie l’image de Phormis lui-même luttant contre trois adversaires successifs. Ce n’était pas une de