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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

morale générale, pour retrouver la comédie, alimentée par les travers des hommes et moralisant par la satire :

« Tu n’es point habile à parler, mais impuissant à te taire. — Tu n’es point humain, mais malade : tu donnes pour ton plaisir. »

Voilà le bavard et le prodigue. Ici et dans quelques autres fragments, règne le ton modéré qu’adoptera la comédie nouvelle. Rien ne fait songer aux excès ni aux personnalités de la comédie politique. S’il se rencontre une allusion à un fait ou à un personnage, la réalité présente ne pénétrera sur la scène qu’avec les allures respectueuses qu’elle s’impose dans les pièces lyriques qui se chantent en l’honneur des victoires remportées aux grands jeux de la Grèce. C’est ainsi que, dans la comédie la Fête et les Îles, Épicharme se rencontre avec Pindare pour célébrer l’intervention bienfaisante par laquelle Hiéron venait de protéger les Locriens contre les menaces d’Anaxilas de Rhégium.

Épicharme alla-t-il, dans son travail d’invention comique, jusqu’à réunir et concentrer les traits d’observation morale ou de satire pour en former des caractères ? Quelques titres : le Paysan, l’Homme supérieur, la Mégarienne (qui fait penser à l’Andrienne de Ménandre et à d’autres titres analogues de la moyenne et de la nouvelle comédie), ne suffisent