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ÉPICHARME

par les différentes portes de la scène, le visage caché par une sorte de chevelure d’acanthe et de serpolet que surmontait une épaisse couronne de lierre et de violettes, vêtu d’une espèce de fourrure persane[1]. Il s’avançait d’abord en bon ordre, conduit par le phallophore tout noir de suie, et chantant en l’honneur de Bacchus des vers traditionnels qui annonçaient la liberté des attaques auxquelles il allait se livrer ; puis ceux qui le composaient se mettaient à courir, s’arrêtaient tournés vers les spectateurs et les assaillaient de railleries personnelles et souvent licencieuses. Il y avait donc deux parties dans ces phallophories : une procession avec l’effet des costumes, et des improvisations satiriques du genre de celles que l’usage autorisait dans le culte d’autres divinités et qu’on appelait d’un nom particulier, le tôthasmos. Les ïambistes, dont il est question à Syracuse, débitaient probablement, dans une fête aussi brillante et sous une forme plus ou moins préparée, des satires de même nature ; l’ïambe se prêtait à l’improvisation. L’importance de cette partie satirique à Sicyone est attestée par une jolie épigramme de l’Anthologie[2].

« Bacchus a inventé les leçons d’une muse amie des jeux, en conduisant chez toi, ô Sicyone, le

  1. Sémus de Délos dans Athénée, XIV, p. 622, b-d.
  2. Anthol. Palat., XI, 32.

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