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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

représente le contraste que devaient offrir les audacieuses bouffonneries de la comédie antique et le caractère de la philosophie professée. Il s’agissait en effet de métaphysique, de science, de morale austère, matières peu propres, semble-t-il, à captiver une foule avide de plaisir et apportant au théâtre toutes les exigences d’un public de carnaval. Si nous connaissions dans le détail le mélange d’éléments si disparates, l’histoire de la propagande des idées par le théâtre trouverait ici son premier et son plus curieux chapitre. Malheureusement, nos fragments sont si loin de nous représenter nettement cette union du comique et du sérieux, que nous en sommes réduits à chercher le comique. C’est à ce point qu’on serait tenté de se demander, en négligeant l’autorité fort suspecte de Jamblique, s’ils ont pu appartenir à des comédies, et par suite, comme nous n’avons pas d’autres textes que ces fragments, si jamais la philosophie a pénétré dans le théâtre d’Épicharme.

Et, en effet, dans le ton, la note comique est à peine marquée. La forme est en général simple et familière, mais pas un seul trait ne rappelle, même de loin, la verve étincelante et hardie de la comédie ancienne. Peut-être l’intention comique se faisait-elle mieux sentir dans les passages qui encadraient ces morceaux ; mais il est clair que cette hypothèse n’a en elle-même aucune valeur.