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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

jeunesse aient définitivement disparu. Telle était la vitalité que lui avait communiquée à sa naissance le souffle d’Homère, qu’elle se trouvait encore plus forte que Callimaque et tous les gens d’esprit de son école.

Ce qui le montre bien, c’est que Callimaque lui-même sentit le besoin de composer avec ses adversaires, ou du moins de faire un effort d’un genre nouveau pour les réduire au silence. Ils lui reprochaient sa faiblesse d’invention et son incapacité de faire un poème de longue haleine : il voulut leur prouver qu’ils se trompaient et il écrivit aussi une épopée. C’est ce poème d’Hécalé, dont il a été question. Le sujet se rapporte à un exploit de Thésée ; mais il ne semble pas que le côté héroïque y ait été le côté dominant, et, en somme, malgré cette prétention nouvelle, le poète restait fidèle à ses habitudes. Au lieu d’entrer dans la grande tradition des légendes épiques, il prenait un mythe peu connu, presque une anecdote locale. Hécalé était une vieille femme des environs de Marathon qui avait reçu Thésée sous son humble toit le soir qui précéda le combat contre le taureau, était morte avant le retour du héros vainqueur, et avait été honorée d’un culte en souvenir de sa pieuse hospitalité. On voit tout de suite quels effets particuliers, quelles descriptions, quels contrastes, quels tableaux de genre trouvaient place dans le développement de ce thème. Le poète