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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

de l’antiquité. « Si tu ne veux pas te connaître, lis les Causes de Callimaque, » dit Martial en recommandant, au contraire, ses propres poèmes comme imprégnés de vérité humaine : hominem pagina nostra sapit. Eux-mêmes, les admirateurs et imitateurs latins du poète grec, Ovide et Properce, ne se faisaient pas illusion sur la valeur d’un génie auquel étaient interdits les grands sujets ; et chez les Grecs aussi, comme en témoignent des épigrammes, il s’élevait de vives réclamations contre ses prétentions et ses principes. « J’ai mes pièces à l’appui pour chaque mot de mes chants, » disait-il avec satisfaction. Mais était-ce encore chanter ? Et les savants ne pâlissaient-ils sur le texte d’Homère, que pour se soustraire à sa grande influence et se proposer comme idéal en poésie l’exactitude de l’érudition ?

C’est ce qu’exprimaient sous une forme moins modérée les apostrophes que nous lisons dans l’Anthologie : « Allez à la male heure, engeance minutieuse des grammairiens, enfouie dans les recoins de la Muse d’autrui, misérables teignes attachées à des vétilles,… meute maigre et hargneuse de Callimaque,… punaises qui dévorez dans l’ombre les poésies harmonieuses. » Parmi ces imprécations, la moins violente et la plus expressive d’idée et de mouvement est une épigramme par laquelle Antipater de Thessalonique répond aux vers de Calli-