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ÉPICHARME

« A. Le sacrifice amène un banquet ; le banquet, une compotation. — B. Conséquence fort douce à mon avis. — A. La compotation, une ivresse tumultueuse ; l’ivresse, des injures et des coups ; les coups, un procès ; le procès, une condamnation ; la condamnation, des fers, des entraves et une amende. »

On voit que le poète tirait de cette figure des effets d’un comique tempéré. Ailleurs, il semble faire des allusions qui indiqueraient à Syracuse, la patrie de la rhétorique, un développement technique antérieur à la date généralement adoptée. Ce genre de préoccupation chez lui paraît encore attesté par le titre d’une de ses comédies, dont il ne reste guère qu’un calembour : elle s’appelait Logos et Logina. Ces deux noms désignaient-ils, comme le pense M. Bernhardy, deux personnifications, mâle et femelle, de l’art oratoire ? Ou bien, suivant une supposition de Welcker, étaient-ce un pythagoricien, désigné par le mot Logos, qui joue un grand rôle dans l’enseignement pythagorique, et son disciple ? Quelle que soit l’incertitude de ces hypothèses, il faut reconnaître que le titre de la comédie perdue est bien fait pour en provoquer, celles-ci ou d’autres, et que la pensée d’y chercher des rapports avec la dialectique oratoire ou philosophique, alors naissante, n’a rien d’invraisemblable. La curiosité d’un public grec pour ces sortes d’inventions était extrême, même pour celles de la