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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

chez lui en partant pour les jeux Olympiques, — font les principaux frais de l’entretien ; ces médisances s’interrompent un instant pendant qu’un des bergers retire à son compagnon, le querelleur, une épine que celui-ci s’est enfoncée dans le pied en courant après une vache ; « et voilà toute l’idylle », comme dit Fontenelle. Combien aujourd’hui s’aviseraient de contester l’intérêt d’une pièce qui, sans richesse d’invention ni distinction dans les sentiments, se soutient uniquement par la justesse et par le relief du détail ?

La simplicité ou, si l’on veut, la vulgarité n’est pas moindre dans la ve idylle ; certains traits, dont l’un a été adouci par Virgile, effaroucheraient à bon droit la délicatesse moderne. Ce qu’elle offre de plus intéressant pour une étude de l’art, c’est une image assez directe de la forme que paraît avoir revêtue primitivement le bucoliasme. Du moins Théocrite a-t-il voulu, dans une composition d’un artifice tout personnel, le montrer comme naturellement mêlé aux mœurs grossières des pâtres de l’Italie méridionale. Non-seulement ces deux mercenaires, très vulgaires interprètes de la mutuelle antipathie des Sybarites et des Thuriens, s’injurient et s’apostrophent en groupes symétriques de vers, où se glissent parfois les grâces de la poésie descriptive, — ce qui est une fiction tout artificielle ; — mais leur querelle aboutit à une