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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

des tyrannies, s’établit une forme nouvelle de cette eunomie dorienne, si admirée des philosophes et si incomplètement réalisée dans la Grèce propre. La réalité ne s’accommode pas longtemps des républiques idéales : la mobilité de l’esprit grec, l’amour de la liberté, les passions de toute sorte secouèrent bientôt le joug de ces confréries d’ascètes qui réglementaient la sagesse pour elles-mêmes et pour autrui. Mais les pythagoriciens dispersés allèrent répandre au loin les enseignements de l’école, et il resta une trace profonde de cette science inspirée qui était apparue un jour armée de la parole de vie, et dont le charme austère, pénétrant les âmes d’élite, s’était fait sentir à des populations entières, docilement rangées sous sa loi. Pendant la jeunesse d’Épicharme, le pythagorisme était dans toute la force de sa première et merveilleuse expansion.

Il fut disciple de Pythagore, lit-on dans Diogène de Laërte. D’après un autre écrivain, Jamblique, il n’aurait été admis que parmi les disciples du dehors, et encore non pas du maître lui-même, mais du pythagoricien Arésas. Cela semblerait vouloir dire qu’Épicharme n’avait pas reçu la consécration supérieure ; il serait resté en dehors du voile, exclu de la vue des mystères, dans la classe des aspirants que huit années d’épreuves et de préparation retenaient au seuil du sanctuaire philoso-