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ÉPICHARME

habitants de Zanclé avaient eu l’imprudence d’appeler pour faire un établissement dans leur voisinage. Or ces Samiens s’emparèrent par trahison de la ville même de Zanclé, dont ils furent bientôt chassés par leur allié, le tyran de Rhégium, Anaxilas, et Cadmus, réfugié à Mégare, fut encore arraché de cet asile, lorsqu’en 483 Gélon détruisit cette ville, forcée à se rendre, et en transporta les principaux habitants à Syracuse. Ce n’est pas tout : ce tyran démissionnaire, réduit, par une conséquence imprévue de son sacrifice, à vivre sous la dépendance d’un autre tyran, est envoyé par ce maître étranger, au plus fort de la lutte des Grecs et des Perses, sur un des points les plus menacés par les barbares. Gélon, occupé lui-même à repousser une formidable invasion des Carthaginois, qu’appelaient contre lui le tyran dépossédé d’Himère et le gendre de celui-ci, Anaxilas de Rhégium, et, d’un autre côté, inquiet sur l’issue de la grande guerre soutenue par la Grèce contre l’Orient, chargea Cadmus d’aller à Delphes observer les événements. Il lui avait remis de riches présents, qu’il devait offrir au roi des Perses avec l’hommage de soumission, la terre et l’eau, si celui-ci était vainqueur. Après Salamine, Cadmus rapporta en Sicile les trésors qui lui avaient été confiés pour cet emploi éventuel ; trait de probité qui lui vaut une seconde fois l’admiration d’Hérodote.