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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

par suite une affinité avec les systèmes matérialistes. Cependant elle reste vraie, et prête encore à des développements. Ainsi elle pourrait servir à expliquer et à juger la critique elle-même, dont le premier devoir semblerait consister à se dégager des influences extérieures d’habitudes et de milieu pour devenir clairvoyante et impartiale, et qui, au contraire, en est presque toujours si profondément pénétrée.

Parmi ces influences, une des plus intéressantes et des plus nécessaires à étudier, c’est celle qu’exercent ainsi, même en dehors de leur domaine propre, quelques hommes doués d’autorité et philosophes de nature, dont l’empreinte reste marquée sur l’esprit de leur temps. Par exemple, tout historien littéraire de notre pays devra tenir compte de la direction imprimée pendant trente ans à une partie considérable de la critique par M. Cousin et M. Guizot. D’eux surtout lui sont venus le souffle spiritualiste, la richesse des idées générales, l’abus de l’abstraction dans les jugements et dans le style se mêlant à un sentiment généreux d’élévation et de distinction, en un mot une sorte de doctrinarisme salutaire et défectueux qui a fait école pendant longtemps, mais n’a pas tenu contre les progrès d’un goût démocratique d’indépendance et de réalité. Mais ce sujet prêterait à plus d’une discussion. Voici, hors de chez nous et à une dis-