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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

nous n’avons que des indices, de vagues témoignages, quelques vers sauvés par le caprice du hasard ; mais ces rares débris et ces faibles souvenirs font entrevoir l’intéressante figure d’un poète créateur qui, dans des conditions très particulières et avec des éléments contradictoires, a frayé à l’art une voie régulière, révélé, semble-t-il, ce que, sous les formes grossières et licencieuses de ses premiers essais, il contenait en lui de force pénétrante et de noblesse, marqué enfin pour l’avenir ses caractères les plus durables. Par malheur, de pareils mérites se concluent ou se laissent deviner plutôt qu’ils ne se voient. Pour les apercevoir avec quelque netteté, il faut d’abord restituer, et souvent dans le vide ; mais cette restitution, incomplète et plus qu’à demi hypothétique, a son utilité et son intérêt, pour peu qu’elle réussisse à ressaisir une forme évanouie de l’art grec et à mettre dans leur jour les faits et les idées qui lui servent de soutiens.