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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

serait peut-être pas dénué de toute utilité présente : ce serait de comparer dans le détail avec le grand lyrique thébain nos lyriques français. On arriverait, si nous ne nous trompons, à une conclusion assez inattendue ; c’est que, si les pindarisants, depuis Ronsard jusqu’à Lebrun, ont échoué dans leur tentative, notre siècle s’est plus rapproché d’un modèle qu’il ne prétendait pas imiter. Bornons-nous à indiquer la question à ses deux époques extrêmes, au xvie siècle et au nôtre, les plus lyriques de la littérature française.

Il n’y a pas lieu de reviser le procès de Ronsard, ni d’en appeler d’un arrêt trop légitime. Son pindarisme a été une erreur, qui n’a guère profité ni à sa gloire dans la postérité ni à la langue ; et l’on est tenté de croire que lui-même n’était pas complètement satisfait de son œuvre, puisque, après avoir essayé des odes pindariques dans sa jeunesse, il n’y revint plus. Mais il ne serait pas inutile pour l’intelligence de notre poésie de nous reporter à cet effort, afin d’en examiner la nature et de reconnaître, non seulement ce qui le fit échouer, mais ce qui lui valut d’abord un accueil si enthousiaste et ce qu’il pouvait y avoir de bon dans la pensée du novateur[1].

  1. C’est le point de vue auquel s’était placé E. Gandar, dans son livre publié il y a vingt-cinq ans et intitulé Ronsard considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare.