Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
114
ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

sont célébrés des vainqueurs éginètes. Mais on ne distingue pas toujours aussi clairement la raison qui détermine l’usage de la matière mythologique. En quoi, par exemple, une victoire pythique remportée par un Thébain[1] autorise-t-elle le poète à s’étendre sur les amours adultères de Clytemnestre et sur le meurtre d’Agamemnon ? Ou bien encore que viennent faire dans les éloges d’Hiéron les mythes d’Ixion et de Coronis[2] ? Dans le premier cas, le souvenir de l’hospitalité qu’Oreste a trouvée chez le Phocidien Pylade et de la protection du dieu expiateur de Delphes ne suffit pas pour établir un lien satisfaisant. Dans les deux autres, en cherchant bien, on découvrirait peut-être que ces légendes thessaliennes se rattachent à une religion qu’un des ancêtres d’Hiéron avait apportée à Géla de la petite île carienne de Télos. Le rapport ne serait pas non plus bien direct.

Il n’est donc pas toujours aisé d’appliquer la loi qui subordonne l’emploi des mythes aux conditions générales du sujet ; mais voici de plus grandes difficultés. Pourquoi, dans le nombre considérable des mythes qui se rapportent à son sujet, Pindare prend-il l’un plutôt que les autres ? Pourquoi lui arrive-t-il souvent, en outre, de toucher à des mythes secondaires, dont le rapport avec le sujet est

  1. Pyth., xi.
  2. Pyth., ii, iii.