Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/127

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
113
PINDARE

dictée par une convenance générale. Dans chacune des odes, quelle pensée a déterminé le choix, la proportion, l’ordre de ces éléments divers, mythologiques ou autres, qu’il a mis en œuvre ? Et d’abord, cette pensée existe-t-elle, ou ne s’est-il pas tout simplement abandonné à son caprice ou au hasard de l’exécution, comme on lui reprochait autrefois en France ? Non ; il a un dessein, il suit un plan, il en témoigne lui-même plus d’une fois, et cette question n’en est plus une aujourd’hui pour la critique. Mais alors, quel est ce plan, comment est-il suivi, et en quoi consiste, dans chaque pièce, l’unité, sans laquelle il n’y a pas de composition ? C’est ici que commencent les difficultés.

On voit bien dans plus d’une pièce quel est le rapport général d’un mythe avec le sujet. Ainsi, dans la première Olympique, le mythe de Pélops, héros éponyme du Péloponèse, honoré à Olympie en souvenir de sa victoire sur Œnomaüs, roi de Pise, pouvait convenir à l’éloge d’un vainqueur olympique, dont la patrie, Syracuse, était une colonie du Péloponèse. De même, dans la seconde, composée en l’honneur de Théron, on comprend que le poète rappelle les légendes des Emménides, ancêtres du tyran d’Agrigente, qui font remonter leur origine jusqu’à Cadmus. De même aussi, il semble naturel que les exploits et les aventures des Éacides défrayent les nombreuses pièces où

8