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PINDARE

difficiles à définir, sa piété et sa religion sont au-dessus du doute. Il honore les dieux par ses chants et par le culte qu’il leur rend. Lui-même atteste la dévotion particulière qu’il a pour certains d’entre eux ; et la tradition nous apprend qu’à Delphes, le sanctuaire national de la Grèce, on lui avait décerné des privilèges et des honneurs : il est à croire que ce n’était pas seulement un hommage rendu à son talent poétique, mais aussi une consécration de l’autorité religieuse et morale qu’il devait à son caractère. Quant à ses croyances, elles sont conformes à la nature de la religion, pas plus précises dans certaines régions mythologiques qu’elle ne l’est elle-même ; et le caractère nomade de sa muse, appelée sur tant de points divers, en lui mettant sous les yeux la diversité des mythes et des cultes, ajoute encore à sa liberté. Mais il porte partout un fonds qui est à lui et qui ramène par sa constance cette matière inconsistante et mobile à une sorte d’unité : le sentiment de la grandeur divine, dont il est pénétré, et le souci de la destinée humaine, dont il cherche et croit par moments saisir certaines lois, au milieu de la variété des légendes et des vicissitudes de la fortune. Voilà ce que lui inspirent les fêtes triomphales ; il éprouve constamment le besoin d’exprimer, dans l’éclat de ces fêtes, ces préoccupations intimes de sa pensée, d’en tirer des avertissements que les ailes de la musique et