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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

Rouge : « Le Seigneur est ma force et le sujet de mes louanges ; il est devenu mon sauveur… Le Seigneur a paru comme un guerrier… Il a jeté dans la mer les chars de Pharaon et de son armée… Votre droite, Seigneur, s’est signalée… Vous avez répandu votre souffle, et la mer les a enveloppés ; ils ont été submergés par la violence des eaux et sont tombés dans l’abîme comme un plomb… Qui d’entre les forts est semblable à vous, Seigneur ?… Que s’élancent (sur nos ennemis) la peur et l’épouvante par la puissance de votre bras ; qu’ils deviennent immobiles comme la pierre pendant que passera ton peuple, ô Seigneur…, » et le reste. On ne voit ici que Dieu et sa grandeur, et la foi se répand dans une glorification exaltée. Le Grec ne disparaît pas ainsi devant la divinité ; ce qui le caractérise, au contraire, et le distingue nettement des grands peuples orientaux, c’est l’énergie de son activité propre, même sous la main de ses maîtres suprêmes. Cependant il les a constamment près de lui, leur adresse de continuelles invocations, et les croit mêlés à toute son histoire et à toutes ses actions.

Qu’est-ce donc, après cela, que son patriotisme dans les moments du péril ou de gloire ? Sans doute toutes ces belles passions connues des modernes, l’attachement au sol, l’ardeur de la lutte et du dévoûment, s’agiteront dans les cœurs ; le succès