Page:Ginisty - Le Mélodrame, Michaud.djvu/98

Cette page n’a pas encore été corrigée

92 LE MELODRAME

Dragon, le chien qui s'acharne à la poursuite de Ma- caire- est tué par un complice de celui-ci. C'est, selon la règle, le niais obligé, le valet d'auberge Bertrand, qui apportera la preuve évidente du crime de Macaire. Le chien, un barbet, n'en fut pas moins jusqu'au mo- ment où il disparaissait, pour un rebondissement de l'action, fôté par les spectateurs, et la Gazette de France se livrait à de copieuses, mais faciles fantai- sies, sur cet acteur à quatre pattes.

C'est Christophe Colomb, qui contient une série de scènes d'une conception vraiment singulière, et qui, dans la masse imposante des ouvrages de Pixerécourt, ne peut se lire sans qu'on ait occasion de sourire sou- vent, avec quelque sérieux qu'il ait abordé ce sujet, en parlant avec orgueil des difficultés vaincues pour observer la règle des unités, à laquelle il était fidèle comme à un dogme.

Naturellement, le fond de l'action sera dans la lutte de Colomb contre le capitaine d'une de ses caravelles qui, dans sa haine jalouse contre lui, cherche à le perdre dans l'esprit des matelots, puis à lui soustraire sa gloire, en le faisant périr. Mais sur le navire de Co- lomb, s'est embarqué secrètement son fils, — autre rôle travesti — le jeune Diègue, qui veillera sur lui, avec l'aide d'un marin bourru au cœur d'or.

On n'aurait là rien de bien inattendu sans l'acte des sauvages, quand Colomb u découvre » l'Amérique. Cet acte-là est un peu effarant aujourd'hui.

« Le public pensera comme moi, dit Pixerécourt dans une note, qu'il eût été complètement ridicule de prê- ter notre langage à des hommes qui voient pour la première fois des Européens. J'ai donc donné aux ha- bitants de Vile Guanakani lidiome des Antilles, que j'ai puisé dans le dictionnaire Caraïbe composé par le P. Raymond Breton... »

Comme on peut se tromper sur le ridicule ! Il faut citer l'une de ces scènes.